Petite histoire du métier

de maréchal-ferrant

Le mot maréchal vient du francique marhskalk qui désignait le serviteur responsable des chevaux; mélangé au latin mariscalcus, il a finalement donné maréchal, d'abord pratiquement synonyme de palefrenier [ puis nommant le commandant d'une armée de cavaliers au XIIe siècle]. Au Moyen-Age d'ailleurs, le Chevalier lui-même doit être capable de soigner et de ferrer son cheval et n'emploie pas un spécialiste: ce n'est que lorsque l'usage de la ferrure se répand que le métier de maréchal-ferrant tel que nous le connaissons apparaît.


Au XIIe siècle, le titre de maréchal désigne certains officiers attachés aux écuries royales et, au suivant, le Prévôt de Paris Etienne Boyleau signale dans son Livre des Métiers que "mareschaux, vrilliers, heaumiers et grossiers forment un même métier, celui des fèvres-maréschaux".

Au XVIIe siècle encore, son métier est nettement dissocié de celui du forgeron: il a le droit de servir d'intermédiaire dans la vente des chevaux et les soigner, par don royal en 1649, devenant ainsi le véritable ancêtre du vétérinaire.

Si dans les grandes villes la séparation des corporations est respectée, il n'en est pas de même dans les campagnes : le maréchal, spécialisé dans le ferrage et les soins vétérinaires mais aussi possesseur d'une forge et travaillant le fer, est de fait taillandier et forgeron.


Fabriquant et réparant les outils métalliques de tous les artisans et paysans de son village. La suppression des corporations en 1791 officialise et élargit sa collaboration avec d'autres artisans, le charron notamment.

Le grand développement général des transports, de l'industrie et de l'agriculture au XIXe siècle porte le métier à son apogée : les premières machines agricoles arrivent des Etats-Unis et nécessitent des attelages allant jusqu'à 30 chevaux! L'avenir semble radieux.

Une partie de leur activité leur est cependant enlevée car les vétérinaires, formés à présent dans des écoles spécialisées, réclament que les traitements et prescriptions soient exclusivement de leur ressort...

Mais c'est l'arrivée du "cheval-vapeur", puis du "cheval-pétrole", qui va sonner le glas de cette profession. La reconversion est la seule issue et les maréchaux deviennent forgerons et mécaniciens, s'occupant du rebattage des socs de charrue, affinage des outils de maçon, forgeage, etc... Toutefois, les locaux mal adaptés, l'investissement en outillage et la technicité grandissante du matériel automobile condamnent à plus ou moins long terme la plupart des maréchaleries à la fermeture.


Le métier semble mort..., mais un retournement de situation a lieu dans les années 70: la démocratisation de l'équitation amène vers ce sport de nombreux cavaliers. L'augmentation importante du nombre de chevaux de selle et de loisir crée une nouvelle demande et près de 1300 maréchaux (source =Union Française des Maréchaux) sont actuellement installés en France.

Sortant des écoles de maréchalerie avec un CAP, c'est un maréchal-ferrant d'un nouveau type: sa forge, son enclume et ses outils tiennent dans sa fourgonnette, il ferre à l'anglaise et son carnet de rendez-vous est digne d'un chef d'entreprise !

Que d'évolutions depuis le début du siècle...